Correspondance à Andrée Jouve, 1919-1960.
Lot Closed
June 25, 03:04 PM GMT
Estimate
1,500 - 2,000 EUR
Lot Details
Description
[Zweig, Stefan] -- Friderike Maria Zweig
23 lettres ou cartes autographes signées à son amie Andrée Jouve, 🤪dont une avec 3 li෴gnes de la main de Stefan Zweig.
Salzbourg, Croissy puis Stamford (Connecticut), 8 juillet [1919]-14 novembre 1960.
60 pages in-4, in-8 ou in-12 (305 x 180 à 90 x 90 mm). En français, signées "Frédérique", dont 4 lettres par avion avec adresses, 2 cartes postales dont une illu🏅strée🍃 avec adresse, et une carte de vœux.
BELLE ET CHALE⛦UREUSE CORRESPONDANCE DE LA PREMIÈRE ÉPOUS🧜E DE STEFAN ZWEIG.
S’adressant à celle qui fut la femme de Pierre Jean Jouve, "Fréderique" Zweig (1882-1971) parle autant du travail de Zweig que du sien propre, comme traductrice notamment, citant à plusieurs reprises l’importance de Romain Rolland dans leur engagement commun pou♋r la paix et l’internationalisme.
La grande amitié qui lia ces deux femmes, toutes deux membres de la Ligue internationale des femmes pour la paix et la liberté, débuta en Suisse pendant la guerre de 1914-1918, survécut à leurs divorces respectifs (en 1925 pour Andrée et en 1939 pour Friderike), et se poursuivit au-delà de l’Atlantique. Elles se retrouvaient autour des mêmes projets et des mêmes préoccupations – dont il est question dans ces lettres – comme la musique, l’éducation (Friderike demande des renseignements sur la méthode Montessori), le statut des femmes et le lien conjugal, comme la première lettre de 1919 en témoigne : "C’est encore plus dur d’être traité comme compagne servante que comme jouet ou poupée […] Les sentiments purs entre les deux sexes étaient déjà assez fragiles dans les temps plus tranquilles et moins pesantes et d’autre part je suis contente de voir les hommes, hommes ou femmes, trouver leur bonheurs dans ces ruines".
Il est bien sûr souvent question de 🥃leurs amis, écrivains ou membres de la Ligue internationale, et de leurs familles, Friderike ayant deux filles d’un premier mariage, et Andrée Jouve un fils, Olivier, né en 1914.
En 1920, sont évoqués les ouvrages que Zweig et Jouve ont tous les deux consacrés à Romain Rolland : celui de Jouve "est tout à fait différent de celui de Stefan et tous les deux sont nécessaires pour montrer cet admirable homme complètement". Puis il est question d’un projet de pensionnat po♏ur jeunes filles près de Vienne qu’Andrée pourrait diriger.
Pentecôte [1921] : "Stefan ne se trouve pas bien, il vit dans une peur maladive d’être interrompu dans son travail, sans lequel il ne se trouve pas content. Les nerfs souffrent de ne pas avoir une ressource dans n’importe quel travail contraire a son ouvrage spirituel. Excepté des bains de soleil et des rares promenades et parfois un jeu d’échecs, il est complètement cloué a son secrétaire et aux livres […] Je suis =souvent inquiète de cet état de dépression soudain, qui change heureusement vite".
Ayant fait allusion au divorce et au remariage de Pierre Jean Jouve avec la psychanalyste Blanche Reverchon,ꦕ Friderike connaît également les épreuves de la séparation, expliquant que son mari est jaloux de tout ce qu’elle peut faire en dehors de son œuvre et qu'il juge peu important ce qu’elle fait, même si elle se dit heureuse du succès remporté par la biographie de Zweig sur Marie-Antoinette.
Durant les premiers mois de la guerre, elle s’installe à Croissy alors que Zweig s’est réfugié à Londres [en compagnie de Charlotte Elisabeth Altmann, dite Lotte, qu’il épouse en 1940] : "Stefan reste toujours optimiste pour la durée. Vous avez peut-être raison avec ce que vous m’évrivais [sic] à son égard. Mais je n’avais donc pas tout à fait abandonné l’espoir qu’il secouera cet esclavage et cette hypnose. Il m’écrit et il agit d’une part comme un somnambule, d’autre part bien réfléchi".
En janvier 1940, il est question du sort de la Pologne et de ces temps affreux, comme une punition pour des hommes indignes. Puis, tandis qu'Andrée part pour Le Pouliguen, l’exode conduit Friderike à Montauban, avant un départ définitif pour les États-Unis : "Pensant de devoir quitter ce pays adoré, c’est beaucoup plus triste que d’avoir de nouveau tout laissé derrière nous, sauf des sacs à dos".
Friderike, installée à Stamford, travaille à l’édition de la correspondance de Zweig/Rolland, ainsi qu’à l’organisation d’un Centre pour écrivains en mémoire de Stefan Zweig et à la fondation d’un Institut Romain Rolland à New York, bénéficiant du soutien de nombreux sponsors : "l’idée Rollandesque est maintenant un symbole et une foi de premier ordre". Elle prie Andrée de bien vouloir confier à une amie new-yorkaise qui va séjourner à Paris quelques souvenirs lui venant de Zweig : "J’ai si peu de choses qui me restent de Stefan".
En 1960, elle aimerait pouvoir aider son amie, soit en parvenant à faire publier ses contes, soit sous la forme d’un don de la Ligue, pour laquelle Andrée a tant fait, comptan꧃t sur le soutien de la romancière à succès Pearl Buck.
La carte datant du mois de novembre 1923 se clôt par TROIS LIGNES AUTOGRAPHES SIGNÉES "STEFAN" qui vient de recevoir "le beau Tagore de Pierre" [Le Cygne de R𝐆abindranath Tagore, tr💞aduit par Kâlidâs Nâg et Pierre Jean Jouve].
La transcription des lettres respecte l'orthographe dဣe Friderike Zweig.
Provenance : succession Pierre Jean Jouve.