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Lot 30
  • 30

Gérard de Lairesse

Estimate
80,000 - 120,000 EUR
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Description

  • Gérard de Lairesse
  • Cérès changeant Stellion en lézard
  • Signé et daté en bas à droite G. Laires f 1691
  • Huile sur toile

Provenance

Très probablement, Vente Chamgrand, Proth, Saint-Maurice, Bouilliac, organisée par Paillet et Me Boileau, Paris, 23 mars 1787, no. 33;
Dans la famille d🀅✨e l'actuel propriétaire depuis au moins la fin du XIXème siècle.

Literature

Très probablement, Alain Roy, Gérard de Lairesse (1640-1711), Paris, 1992, p. 493, M.162.

Condition

The painting seems to be in overall good condition. It has been properly relined hundred years ago. Under a very durty varnish. There is a restoration (2 cm of diameter), on the left, between the torch and the jug. Under UV lamp: Under a uniform green varnish. We can see the restoration previously mentionned.
"In response to your inquiry, we are pleased to provide you with a general report of the condition of the property described above. Since we are not professional conservators or restorers, we urge you to consult with a restorer or conservator of your choice who will be better able to provide a detailed, professional report. Prospective buyers should inspect each lot to satisfy themselves as to condition and must understand that any statement made by Sotheby's is merely a subjective, qualified opinion. Prospective buyers should also refer to any Important Notices regarding this sale, which are printed in the Sale Catalogue.
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Catalogue Note

Inédit jusqu'à ce jour et inconnu dans l'œuvre de Gérard de Lairesse, notre tableau est distinctement signé par l'artiste et daté 1691. Ceci contredit les propos de Louis Abry1, qui écrivait en 1867 "Etant tombé dans la dernière disgrâce de la nature par la perte de la vue, qui lui arriva l'an 1689 et 1690, au plus beau de ses jours et au flagrant de ses plus belles productions dont il avait l'esprit et la mémoire remplis". Notre œuvre démontre clairement qu'au début des années 1690, Gérard de Lairesse ne se concentrait pas uniquement sur la théorie. Elle constitue la preuve qu'il n'était, à cette époque, aucunement atteint de cécité et encore parfaitement capable de peindre des compositions ambitieuse.

Notre tableau relate un épisode des Métamorphoses d'Ovide (Livre V – v.445 à 461) : Cérès, partie à la recherche de sa fille Proserpine, enlevée par Pluton, fait halte dans une pauvre maison paysanne. Une vieille dame lui offre un breuvage d'orge et de lait, qu'elle boit avec avidité, fatiguée par les efforts qu'elle entreprend pour retrouver sa fille. Un enfant, la voyant ainsi, se moque d'elle. Cérès ne supporte pas cette insulte et lui jette le reste de sa boisson au visage, le changeant en lézard. Notre tableau représente le moment même de la métamorphose, où l'enfant au geste très expressif, à la fois moqueur et accusateur, se tient sur ses deux pattes de reptile, et a déjà une queue sur laquelle nous pouvons voir très clairement les étoiles qui lui valurent le nom de Stellion. Il y a encore du lait qui coule du ꧑bol que tient Cérès, et un chien se précipite pour lécher ce qu'il en reste. Ce détail pittoresque renforce l'impression d'instantanéité de la scène qui vient de se dérouler sous les regards étonnés et curieux des deux paysannes, seuls témoins de cette métamorphose.

Cérès apparaît monumentale; sa gestuelle donne une impression de force et de colère face à l'affront qui vient de lui être fait. Trônant sur un bloc de marbre au pied d'un✃e arche et au milieu de vestiges à l'antique, elle apparaît imperturbable, et ses formes pleines et sculpturales, typiques de la ꦗfin de la carrière du peintre, renforcent cette autorité apparente.

Cette scène conflictuelle pleine de tension se tient dans un décor de ruines antiques classiques très théâtral. Une percée sur la gauche ouvre sur un paysage au soleil couchant. La scène en est baignée par endroits dans une semi-obscurité. Cette lumière particulière, presque électrique, est accentuée par les couleurs utilisées par le peintre, un accord de tons jaunes mordorés, bruns violacés, gris souris ou encore bleus argentés.

Né à Liège en 1644, Gérard de Lairesse a exercé la plus grande partie de sa carrière à Amsterdam. Il s'inspira néanmoins fortement du classicisme français et italien. Il a été influencé par Bertholet Flémal (1614-1675), artiste également liégeois, qui a séjourné une dizaine d'années en France et en Italie. Alain Roy décrit la manière de Flémal comme étant un style nouveau composé d'un savant mélange d'italianisme et de poussinisme, de subtile érudition et de classicisme romain2. Ces différentes tendances se retrouvent dans notre tableau et démontrent que Lairesse considère cet artiste comme un maître spirituel3.

Le choix et le traitement du sujet montrent le goût du peintre pour les scènes tirées de grands auteurs antiques. Elles lui permettent de prolonger ses recherches stylistiques d'un équilibre et d'une g🐟estuelle quelque peu théâtrale, créant ici une scène d'une très grande clarté et lisibilité. La rareté de ce thème nous indique aussi que ce tableau était destiné à une élite cultivée.


1. L. Abry, Les hommes illustres de la nation liégeoise, édité par H. Helbig et S. Bormans, Liège 1867.
2. A. Roy, Gérard de Lairesse (1640-1711), Paris, 1992, p. 60.
3. Ibid.