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Lot 11
  • 11

François-Xavier Lalanne

Estimate
500,000 - 700,000 EUR
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bidding is closed

Description

  • François-Xavier Lalanne
  • Gorille de sûreté II
  • signé et numéroté 2/8
  • bronze et armature d'acier
  • 160 x 105 x 93 cm; 63 x 41 5/16 x 36 9/16 in.
  • Conçue en 1970 et réalisée en 1984, cette oeuvre est le numéro 2 d'une édition de 8 exemplaires, plus 4 épreuves d'artiste.

Provenance

Acquis directement auprès de l'artiste par le propriétaire actuel

Condition

The colours are fairly accurate in the catalogue illustration although the original patina is lighter and shiny.Two minor indents on the left rim of the chest vault are visible upon close inspection. Please note the wooden base is not part of the work.This work is in excellent condition.
"In response to your inquiry, we are pleased to provide you with a general report of the condition of the property described above. Since we are not professional conservators or restorers, we urge you to consult with a restorer or conservator of your choice who will be better able to provide a detailed, professional report. Prospective buyers should inspect each lot to satisfy themselves as to condition and must understand that any statement made by Sotheby's is merely a subjective, qualified opinion. Prospective buyers should also refer to any Important Notices regarding this sale, which are printed in the Sale Catalogue.
NOTWITHSTANDING THIS REPORT OR ANY DISCUSSIONS CONCERNING A LOT, ALL LOTS ARE OFFERED AND SOLD AS IS" IN ACCORDANCE WITH THE CONDITIONS OF BUSINESS PRINTED IN THE SALE CATALOGUE."

Catalogue Note

Assurément, ce Gorille a du coffre – et il est très fort. Conçu en 1970, Gorille de sûreté II est un des rares exemples réalisés sous la direction de François-Xavier Lalanne en bronze à patine dorée sur armature d’acier.

Gardien d’un bestiaire comme il aurait pu l’être de celui d’Apollinaire, ce Gorille est l’une de figures dominantes – il est colossal – du cortège des animaux merveilleux de Lalanne. Avec le Rhinocrétaire, l’Autruche-bar, l’Hippopotame-baignoire, le Lapin à vent, l’Ane-bureau, le Babouin-cheminée, Gorille de sûreté II est l’incarnation de l’art fantasque, sans précédent et sans équivalent, de François-Xavier Lalanne. Aux sources de cet art qui s’expose pour la première fois en 1964 à la Galerie J, les images sont en cascades et les mots sont à flots. Ces vases communicants entre la forme et le verbe irriguent l’œuvre de celui dont on pressent qu’il est familier de Lewis Caroll, Lautréamont, Apollinaire, Vian, Ionesco et Queneau comme il l’est des bronzes animaliers du XIXème siècle, de Pompon et de Brancusi (son premier voisin d’atelier). Avant eux, il y a aussi la statuaire égyptienne dont Lalanne prend la mesure et admire la puissance d’abstraction à l’époque où il est gardien de salle au Louvre (1948). Face au Gorille de sûreté, sage, équilibré et hiératique, comment ne pas penser au singe-scribe du panthéon égyptien qui, en plus de relier la Terre et le Ciel, est artiste et magicien suprême ? Tel un moderne Orphée, Lalanne conduit ses créations aussi inédites que sont insolites les associations, jeux de mots, calembours et catachrèses qui font fusionner les sens. Le dadaïsme, le surréalisme, ses rencontres fortuites sur une table de dissection et ses cadavres exquis sont passés par là. Certes. Mais qui aurait le cœur d’ouvrir celui du Gorille de sûreté pour le lui dérober ? L&agra💧ve; où les plus ou moins Bretonniens flirtent 🍒avec le sadisme, Lalanne est d’une fantaisie courtoise et réjouissante. Là où l’image évocatrice surgit des limbes du songe, Lalanne est aux aguets : il guette l’instant où le mot fera de l’œil à la chose.

Aux aguets, Gorille de sûreté, avec ses formes pleines et nobles, aurait-il pour fonction de l’être ? Certes le gorille recèle un coffre-fort ; cela en fait-il un coffre-fort ? Non, assurément pas. Après la conjonction du mot et de la chose, l’œuvre de Lalanne soulève la question de l’hybridation des genres, des rapports entre la forme et la fonction, l’art et l’artisanat, les arts majeurs et mineurs. Ce qui est admirable chez François-Xavier Lalanne (comme chez Claude d’ailleurs), c’est l’absence de préjugés avec laquelle il crée ; c’est aussi probablement ce qui explique la richesse de son oeuvre. Faisant fi de la hiérarchie des genres (telle qu’arrêtée en France par l’Académie Royale de Peinture et Sculpture indépendante du système des corporations), l’artiste n’hésite pas à ébranler les convictions du visiteur et du lecteur du catalogue de l’exposition Artiste/Artisan ? dans une suite de questions au ton de manifeste : « - Peut-on être artiste sans être tout à fait artisan et réaliser une œuvre d’art ?  Pourquoi ? […] - Peut-on être tour à tour artiste et artisan ? Un travail, éventuellement débuté comme objet d’art, peut-il finir œuvre d’art ?  - Un objet d’art placé au milieu d’œuvres d’art a-t-il plus de raisons d’être considéré comme œuvre d’art qu’une œuvre d’art placée au milieu d’objets d’art ?  Pourquoi ? […] » (Paris, Musée des Arts décoratifs, Artiste/Artisan ?, 1977 ; cité in Daniel Abadie, Les Lalanne(s), Paris, 2008, p.230). Pareille provocation vaut dénonciation de l’arbitraire de telles distinctions. Lalanne est le premier à revendiquer en même temps qu’il se l’arroge la liberté d’œuvrer dans un univers hors norme, dans un champ ouvert où d’une forme peuvent jaillir plusieurs solutions formelles surprenantes (une diversité qu’atteste la sémantique des titres) tout en intégrant un ou plusieurs éléments dont l’utilité est potentielle. Ainsi en est-il du Gorille de sûreté. A la différence des cabinets italiens et hollando-flamands du XVIème siècle qui révèlent, derrière vantaux et force tiroirs, petits théâtres et secrets, à la différence même du mobilier à transformation de l’ébénisterie du XVIIIème français dont le bureau à cylindre d’Oeben pour Louis XV est le plus spectaculaire exemple, les œuvres de Lalanne n’opèrent pas métamorphose. Leur ambiguïté est fondamentale et intrinsèque. C’est ce qui en fait des œuvres uniques. Cette valeur esthétique est consolidée par une absolue perfection technique. A rebours des conceptions surréalistes, Lalanne, ne laisse rien de la « façon » des œuvres au hasard : les matériaux sont choisis, la logique préside aux assemblages, les surfaces sont polies, les patines sont précieuses. Gorille de sûreté est de ces œuvres irréprochables où l’artiste dompte la matière. Le sauvage devient élégant. Le primate devient Dieu-lare.

This Gorilla certainly has a strong box. Made in 1970, Gorille de sureté II is one of the rare versions produced under Fran&c♔cedil;ois-Xavier Lalanne’s direction in gold patina bronze on a steel framework.

The keeper of a bestiary, as he could have been for Apollinaire’s, this Gorilla is one of the dominating figures – he is colossal – of Lalanne’s remarkable animal procession. With the Rhincretaire, the Ostrich-Bar, the Hippopotamus-Bath, the Windy Rabbit, the Donkey-Desk, the Baboon-Chimney, the Gorille de sûreté II is the incarnation of François-Xavier Lalanne’s unprecedented and unique, fanciful art. At the source of this art, shown for the first time at the Galerie J in 1964, are cascades of images, flowing words. These communicating vessels between the form and the verb irrigate the work of an artist as familiar with Lewis Carroll, Lautréamont, Apollinaire, Vian, Ionesco and Queneau as he is with 18th century bronze animals, Pompon and Brancusi (the neighbour of his first studio). Before these, there was also the Egyptian statuary that Lalanne contemplated and admired during his time as caretaker at the Louvre (1948). When confronted with the wise, balanced and hieratic Gorille de sûreté, the Egyptian Pantheon monkey-scribe comes to mind who, beyond linking Earth and Sky, is an artist and supreme magician. Like a modern day Orpheus, Lalanne creates works that are as original as his unusual associations, play on words, puns and catachresis that merge different meanings together. Dadaism, Surrealism, chance encounters on a dissecting table and cadavres exquis are all a part of it. Certainly. But who has the heart to open up the Gorilla’s and take it away from him? Where the more or less ardent followers of B♍reton flirt with sadism, Lalanne is o𓂃f a courteous and joyful fantasy. Where the evocative image emerges from dream, Lalanne is on the watch. He waits for the moment when the word eyes up the thing.

Does the watchful Gorilla with its round and noble forms have the function of being? Certainly the gorilla contains a strong box, does this make him into a strong box? No, certainly not. After the combination of the word and the thing, Lalanne’s work raises the question of the hybridising of genres, the relation between form and function, art and craft, high and low art. What is admirable with François-Xavier Lalanne (as with Claude moreover), is the absence of prejudice with which he creates, it is also probably what explains the richness of his work. Snubbing the hierarchy of genres, (as fixed in France by the Académie Royale de Peinture et Sculpture independent from the system of corporations), the artist does not hesitate to rattle the convictions of the visitor and the reader of the catalogue Artiste/Artisan? in a series of questions asked in a manifesto tone: “Can we be an artist without being exactly an artisan and make an artwork? Why? […] Can we be in turn artist and artisan? Does an art object placed in the middle of artworks have more reason to be considered a work of art than an artwork placed in the middle of art objects? Why? […]” (Paris, Musée des Arts décoratifs, Artiste/Artisan?, 1977; quoted in Daniel Abadie, Les Lalanne(s), Paris, 2008, p.230). Such a provocation is worth the denunciation of the arbitrary nature of such distinctions. Lalanne is the first to claim, at the same time as he appropriates, the freedom to work in an exceptional universe, in an open field where one form can provoke several surprising formal solutions (a diversity demonstrated by the semantics of the titles) whilst integrating one or many elements of potential utility. Thus it is with Gorille de sûreté. Unlike 19th century Italian and Dutch-Flemish cabinets that reveal small theatres and secrets hidden behind casements and drawers, unlike even transformation furniture of 17th century French cabinet-making of which Oeben’s cylinder desk for Louis XV is the most spectacular example, Lalanne’s works do not perform any metamorphosis. Their ambiguity is fundamental and intrinsic. It is this which makes them unique artworks. This aesthetic value is strengthened by an absolute technical perfection. In reverse of surrealist conceptions, Lalanne leaves nothing in the “way” of chance to his works: the materials are chosen, logic presides over assemblage, the surfaces are polished, the patinas are precious. Gorille de sûreté is one of those irreproachable works where the artist tames the material. The wild becomes elegant. The primate becomes a Lare God.

 

Dessin préparatoire pour le Gorille de sûreté, 1970 © D.R.
Gorille de sûreté dans l'atelier de Lalanne à Ury © D.R.
Gorille de sûreté dans l'atelier de Lalanne devant un dessin préparatoire du Grand Singe avisé © D.R.