Lot 14
- 14
Jean Dubuffet
Estimate
200,000 - 300,000 EUR
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Description
- Jean Dubuffet
- Terre mère
- signé et daté 60; signé, titré et daté décembre 59 / mai 60 au dos
- pâte plastique
- 153 x 200 cm; 60 1/4 x 78 3/4 in.
- Exécuté en 1959-1960.
Provenance
Galerie Daniel Cordier, Paris (acquis auprès de l’artiste en 1960)
Acquis auprès de celle-ci et transmis par descendance au propriétaire actuel
Acquis auprès de celle-ci et transmis par descendance au propriétaire actuel
Exhibited
Paris, Musée des Arts Décoratifs, Jean Dubuffet 1942-1960, 16 décembre 1960 - 25 février 1961; catalogue, no.196
Francfort, Galerie Daniel Cordier; Milan, Galeria del Naviglio, Matériologies de Jean Dubuffet, 3 mars - 23 mai 1961; catalogue, no.4
Venise, Palazzo Grassi, Centro Internazionale delle Arti e del Costume, Arte e Contemplazione, 1961
Paris, Galerie Daniel Gervis, Jean Dubuffet: Matériologies, 11 juin - 12 juillet 1969
New York, The Salomon R. Guggenheim Museum, Jean Dubuffet: A Retrospective, 26 avril - 29 juillet 1973; catalogue, p.144, no.113, illustré
Paris, Galeries Nationales du Grand Palais, Jean Dubuffet, 28 septembre - 20 décembre 1973; catalogue, no.134
Saint-Paul, Fondation Maeght, Jean Dubuffet: Rétrospective, Peintures, Sculptures, Dessins, 6 juillet - 6 octobre 1985; catalogue, p.102, no.48, illustré
Martigny, Fondation Pierre Gianadda, Dubuffet, 4 mars - 10 juin 1993; catalogue, p.128, no.79, illustré en couleurs
Francfort, Galerie Daniel Cordier; Milan, Galeria del Naviglio, Matériologies de Jean Dubuffet, 3 mars - 23 mai 1961; catalogue, no.4
Venise, Palazzo Grassi, Centro Internazionale delle Arti e del Costume, Arte e Contemplazione, 1961
Paris, Galerie Daniel Gervis, Jean Dubuffet: Matériologies, 11 juin - 12 juillet 1969
New York, The Salomon R. Guggenheim Museum, Jean Dubuffet: A Retrospective, 26 avril - 29 juillet 1973; catalogue, p.144, no.113, illustré
Paris, Galeries Nationales du Grand Palais, Jean Dubuffet, 28 septembre - 20 décembre 1973; catalogue, no.134
Saint-Paul, Fondation Maeght, Jean Dubuffet: Rétrospective, Peintures, Sculptures, Dessins, 6 juillet - 6 octobre 1985; catalogue, p.102, no.48, illustré
Martigny, Fondation Pierre Gianadda, Dubuffet, 4 mars - 10 juin 1993; catalogue, p.128, no.79, illustré en couleurs
Literature
Max Loreau, Catalogue des Travaux de Jean Dubuffet, Fascicule XVII: Matériologies, Lausanne, 1969, p.88, no.102, illustré
Condition
The colours are fairly accurate in the catalogue illustration although the image does not convey the texture of the work.
Few hairline, small cracks, inherent to the material, are only visible under very close inspection.
This work is in very good condition.
"In response to your inquiry, we are pleased to provide you with a general report of the condition of the property described above. Since we are not professional conservators or restorers, we urge you to consult with a restorer or conservator of your choice who will be better able to provide a detailed, professional report. Prospective buyers should inspect each lot to satisfy themselves as to condition and must understand that any statement made by Sotheby's is merely a subjective, qualified opinion. Prospective buyers should also refer to any Important Notices regarding this sale, which are printed in the Sale Catalogue.
NOTWITHSTANDING THIS REPORT OR ANY DISCUSSIONS CONCERNING A LOT, ALL LOTS ARE OFFERED AND SOLD AS IS" IN ACCORDANCE WITH THE CONDITIONS OF BUSINESS PRINTED IN THE SALE CATALOGUE."
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Catalogue Note
Tout au long de sa carrière artistique avec son esthétique unique, rejetant délibérément les prétentions culturelles et en se concentrant sur les manifestations de la matière, par opposition à la figuration, Jean Dubuffet a résisté aux conventions classiques de la pratique artistique. Grâce à une série d'expériences, il a cherché à redéfinir les notions de haut et de bas, du beau et du vil, repoussant constamment les frontières de l'art, afin de proposer une nouvelle approche, plus personnelle, authentique et humaniste. Dubuffet souhaitait en réalité faire l’apologie du commun et du discrédité dans son travail.
La série des Matériologies, exécutée au cours des années 1950, marque le stade ultime et accompli de ses recherches sur la perception des choses et propose un ensemble d’œuvres radicales dont l’abstraction s’enracine profondément dans la réalité.
Ce rare corpus composé de 45 œuvres, illustre certainement le point culminant de la recherche de Dubuffet sur l’abstraction. L’artiste a en effet rejeté la présence humaine dans ses œuvres et se tourne vers la nature comme principale source d’expérimentation. Evoluant dans un monde moderne où l’artiste a tenté de reproduire les murs tachés des mégalopoles (Brassai, Antoni Tàpies), les Matériologies se sont débarrassées des conventions culturelles et ont dépassé les limites de la forme rejetant les significations rituelles de la peinture. Elles constituent la réponse de Dubuffet à l’Archisponge d'Yves Klein, s’éloignant de la métaphysique et ancrées pleinement dans la réalité.
Intitulé Terre Mère, à juste titre, il s’agit du plus grand papier mâché de la série des Matériologies : une véritable pièce monumentale, jamais présentée sur le marché. Probablement par son nom et sa taille, Dubuffet en a fait le cœur de sa série, le fondement même. Dans cette œuvre imposante, Dubuffet nous confronte aux formes élémentaires ; la Terre Mère réduite à ses éléments primaires, de formes et d’intention authentique. Par cet acte, Dubuffet s’est lui-même positionné comme pilier du Matérialisme.
Contrairement à ses œuvres antérieures où chaque élément utilisé dans le processus créatif était naturel (ailes de papillon, feuilles, graines ...), Dubuffet commence à adopter des ingrédients artificiels, transformés et peints pour leur donner l’apparence de pierres et de terre. Il parvient à « créer la nature, à produire la nature, à se substituer à la nature […] Pensée n’est plus contre nature : elle est nature et nature est pensée. Il tient l’espace entre ses mains. » (Max Loreau, Catalogue des travaux de Jean Dubuffet, Matériologies, p.11)
Dans Terre Mère, Dubuffet a abandonné la peinture à l’huile et s’est emparé de nouveaux matériaux, totalement inédits, contribuant à la dimension naturaliste de cette œuvre et à l’aspect aride et désertique de la surface. Un réseau de plis informes naît de la fusion des morceaux de papier mâché appliqué ensuite sur un panneau de Masonite présentant une surface rugueuse d'empâtement, de terre épaisse et travaillée. Les points de repère ont disparus du plan : haut, bas, ciel, terre... Dubuffet a tout réuni dans un seul et même fragment hétéroclite de matière première.
Throughout his artistic career and with his unique aesthetic, deliberately rejecting cultural pretensions and focusing on implementations of material reality as opposed to painterly representations, Jean Dubuffet resisted the classical conventions of artistic practice. Through a series of experiments, he sought to redefine the binaries of high and low, trash and treasure, testing and creating new boundaries of art, in order to uncover a new , more personal, pure and humanistic approach. Ultimately, Dubuffet wanted his work to be a celebration of the basic, of the discredited. The Matériologies created throughout the 50s mark the ultimate and accomplished stage of his investigations on the perception of things and offer a radical body of work whose apparent abstraction roots deeply in reality.
This rare series, composed of 45 works, undoubtedly exemplifies the culminating point of Dubuffet’s research in abstraction. Indeed, he has rejected any sense of human presence from his work and has turned to nature as the primary source of his experimentations. Born in a post-war world where artists attempted to replicate the city walls (Brassai, Antoni Tapies), the Matériologies have gotten rid of every cultural convention, surpassing the boundaries of form and rejecting the ritualistic significances of paint. They are Dubuffet’s response to Yves Klein’s Archisponge (pictured below), stepping away from metaphysics and anchored solely on reality.
Appropriately named Terre Mère, or Mother Nature, it is the largest work of his papier maché Matériologies, a true monumental piece, never before seen in the market. Presumably voluntarily through its name and size, Dubuffet made it the centre of his series, the primary element. In this grandiose work, Dubuffet has left us with the purest of forms; Terre Mère stripped down to its most rudiment elements, a purity of form and intention, untouched by convention. Undoubtedly, Dubuffet has positioned himself as the pillar of Matérialisme.
Contrary to his earlier works where every element used in the creative process was natural (butterfly wings, leaves, seeds…), Dubuffet starts to adopt artificial ingredients, converting and painting them to resemble stones and soil. He manages to “create nature, produce nature, substitute nature […] thought is no longer against nature: it is nature and nature is thought. He holds the space in his hands.” (Max Loreau, Catalogue des travaux de Jean Dubuffet, Matériologies, p.11)
In Terre Mère, Dubuffet has abandoned oil and has seized these never before used materials, contributing to the naturalistic intonation of the work and creating the arid, desert like surface the viewer longs to access. The network of shapeless folds are born out of thick grindings of papier maché, applied on Masonite, leaving us with a rough impasto surface, a thick and laborious earth. There are no landmarks on the surface of the work - top, bottom, sky, earth - Dubuffet has mixed them all in a uniformed and infinitely varied stretch of raw matter.