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Antoine-François Callet
Description
- Antoine-François Callet
- Portrait d'apparat de Louis XVI, dans le grand habit du jour de son sacre
- Signée en bas à gauche Callet
- Huile sur toile
- 268 x 190 cm ; 105 1/2 by 74 3/4 in
Provenance
Très probablement Vente collection de la Marquise de S. *** [Marquise de Soucy], Hôtel Drouot, le 6 mai 1893, « Portrait en pied “donné par le Roy en 1785”, inscription figurant au bas du cadre en bois sculpté aux Armes de France et d’Autriche, Chiffre du Roi dans les angles, H. 2,75 L. 1,95 » ;
Vente anonyme, Angers, Hôtel des Ventes, 24-25 mars 1976 (« Portrait en pied donné par le Roi à la Marquise de Soucy, H. 2,72 L.1,91. »).
Très probablement acquis à cette vente.
Condition
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Catalogue Note
En août 1778, Antoine-François Callet reçoit la commande du Portrait du Roi en costume du sacre, alors qu’il est auréolé de gloire. En effet, août 1778 est à la fois le moment de l’inauguration de la chapelle de la Vierge à l ‘église Saint-Sulpice dont il a créé le nouveau décor, l’année de sa commande par le comte d’Artois de six tableaux pour le boudoir de Bagatelle et celle de la présentation, hors livret, au Salon d’août 1778, de son morceau d’agrément à l’Académie Royale de Peinture et de Sculpture obtenu l’année précédente sur un Cérès implorant Jupiter (Boston, Museum of Fine Arts). Jeune agréé, décorateur déjà reconnu après la création du plafond du Palais Spinola à Gênes en 1773 et le décor du salon de Compagnie du Palais Bourbon en 1774, il s’était déjà également distingué en tant que portraitiste avec la commande d’un grand portrait d’apparat du Cardinal de Bernis à la fin de son séjour romain, en 1772.
Cette commande prestigieuse de portrait officiel de Louis XVI émanait du Ministère des Affaires Etrangères en la personne de son ministre, le Comte de Vergennes. Ce tableau devait servir de modèle à ceux destinés à être envoyés dans les Ambassades et Cours étrangères ou offerts par le Roi à certains de ses ministres[1].
Achevé durant les premiers mois de 1780 et inventorié au Registre du Ministère des Affaires Etrangères comme ayant coûté à l’Etat la somme de 12.000 Livres, sans la bordure, somme considérable en regard du Portrait de Marie-Antoinette, original bien connu d'Elisabeth Vigée-Lebrun que l'on trouve répertorié à ce même registre au 21 mai 1780, avec un modeste coût de 6.000 Livres.
Pour exécuter ce portrait Callet se fit prêter, jusqu’en 1779, les ornements royaux conservés à l’Abbaye de Saint-Denis et bénéficia de plusieurs séances de pose accordées par le roi.
L’œuvre reprend quasi à l’identique la présentation iconique du souverain de trois quart en grand costume placé sur une estrade, telle que l’avait mis en place Rigaud avec le Portrait de Louis XIV de 1701, modèle qui sera suivi par tous les portraitistes officiels des souverains jusqu’au XIXe siècle. Nous retrouvons à l’identique, les Regalia avec la main de justice, placées sur un coussin à la droite du roi, l’épée de Charlemagne au côté, la main en appui sur le sceptre et le manteau fleurdelysé doublé d’hermine. Le roi porte en outre les colliers de l’Ordre du Saint-Esprit et celui de La Toison d’Or. Callet réussi à la perfection le rendu bouillonnant des étoffes que ce soit celui, théâtral, du rideau ou celui, velouté, de l’hermine du manteau royal. Par rapport au modèle de Duplessis quasiment contemporain, Callet fait montre de beaucoup plus d’aisance et de souplesse dans la présentation du modèle, très raide chez Duplessis et également moins ressemblant. Depuis Rigaud, la présence de la colonne placée à côté du modèle évoque la puissance du pouvoir royal ; Callet ajoute ici une représentation de la Justice placée sur le médaillon de l’arrière plan.
Cette commande de 1778 ouvre de manière prestigieuse sa carrière de portraitiste de cour. Peintre du Roi, Callet est également à partir de cette date « 1er Peintre de Monseigneur le Comte d’Artois et Peintre de Monsieur » et laissera de 1779 à 1787, de nombreuses effigies des deux frères du roi.
De nombreuses erreurs et imprécisions ont été entretenues et sont passées d’un auteur à l’autre à propos de cet illustre Portait de Louis XVI. De fait, on a longtemps considéré que trois commandes du Portrait du roi auraient été passées à Callet la première en 1778, pour "l'hôtel de la Guerre"[3], la seconde en 1779 pour le Ministère des Affaires Etrangères, et la troisième en 1788, cette dernière version étant celle gravée par Bervic. Il n'y eut en fait qu'une seule et unique commande du Portrait de Louis XVI en costume de sacre, celle d'août 1778. Ce tableau, et non un autre, est bien celui que grava Bervic, à partir d'octobre 1784 et que Callet exposa, en pendant à son Portrait du Comte de Provence en costume de l'ordre du Saint Esprit au salon de 1789 (n°63 et 64 du livret).
Ce Portrait de Louis XVI a suscité bien des confusions avec la version peinte par Duplessis en 1777, notamment pour ce qui concerne les exemplaires conservés dans les musées. Il reste également toujours délicat de différencier les versions autographes de la main de Callet de celles des peintres engagés par le Ministère des Affaires Etrangères afin d’en exécuter des copies[3]. Aussi la mention de la signature de Callet sur la présente version est-elle éminemment précieuse. D’après les documents connus, seule l’une des toutes premières versions de ce portrait envoyées en Autriche en septembre 1781 porte la mention « Callet ft. 1781 » (aujourd’hui au château d’Ambras, près d’Insbruck) et l’une des versions conservées à Versailles porte au revers un « Callet fecit » qui nous rappelle cet avertissement émanant du Ministère des Affaires Etrangères en date du 9 juin 1786 : "(…) il sera nécessaire de mettre sur la toile de ces portraits, par derrière, le nom du peintre qui les a exécutés afin qu'on puisse s'y reconnaître." Précaution qui fut, semble-t-il, bien peu suivie. A notre connaissance, aucune des autres versions du Portrait de Louis XVI en pied conservées dans les musées ne portent la signature de Callet.
[1] Arch. du Ministère des Aff. Etr., Mémoires et Documents – France.
[2] Il s'agit en fait du Portrait du Comte de Provence en costume de l'ordre du Saint Esprit, signé, daté 1788, et non 1778 (musée de Grenoble) ; le tableau fut transformé à l'avènement du Louis XVIII en Portrait du Roi par l'ajout des Regalia, d'où la confusion avec le Portrait de Louis XVI.
[3] Les registres des Archives du Ministère des Affaires Etrangères nous indiquent que Callet serait l’auteur de treize versions du Portrait du roi en pied entre 1780 et 1785. Après cette date, les versions en pied sont de la main de Lassave ou Hubert (Arch. du Ministère des Aff. Etr., opus cit.).