Collection Thomas Schultze-Westrum, acquis in situ en 1966
Collection John et Marcia Friede, New York
Collection Tomkins, New York (inv. n° TC 570)

Webb, Embodied Spirits. Gope Boards from the Papuan Gulf / Esprits incarnés. Planches votives du golfe de Papouasie, 2015, p. 256-257, n° 97

A la fin des années 1960, le biologiste allemand Thomas Schultze-Westrum emprunta l'itinéraire des premières expéditions dans le golfe de Papouasie - celles de l'explorateur australien Frank Hurley (milieu des années 1920), puis du journaliste américain John W. Vandercook (1936). Il y collecta de très nombreuses œuvres, dont plusieurs - y compris cette planche gope - formèrent par la suite le cœur de l'ensemble consacré à cette région dans la collection Jolika de John et Marcia Friede, aujourd'hui en grande partie conservée au de Young Museum de San Francisco. Photographiée en 1966 dans le village de Meagoma par Thomas Schultze-Westrum, cette planche votive s'impose comme l'un des témoins les plus magistraux de l'inventivité des artistes du golfe de Papouasie, dans l'interprétation matérielle et immatérielle de leurs croyances.

« Chaque planche portait un nom qui est celui de l'imunu, l'esprit, qui pouvait y résider. [...] Ces imunu habitaient dans les différents lieux autour du village - forêt, trou d'eau dans la rivière, voire dans la mer - et étaient au centre du système religieux : ils protégeaient une famille, assuraient son bien-être et sa survie. Ils accompagnaient et protégeaient les hommes dans leurs différentes actions » (Peltier in Eclectique. Une collection du XXI^e siècle, 2016, p. 148).

Par l'ampleur du cadre, la dynamique des motifs et le génie dans l'interprétation centrale de la figure humaine, cette planche gope prꦫoduit un impact visuel saisissant. La représentation de l'être-esprit, résumé à ses yeux, son nez, sa bouche et son nombril - élément par lequel la figure s'anime - est transcendée par la superbe polychromie composée d'aplats ocres et blanc. A l'inventivité figurative répondent l'épaisseur de la planche sculptée à l'outil de pierre et la belle patine d'usage qu𝓀i affirment la très grande ancienneté de cette création.

In the late 1960s, German biologist Thomas Schultze-Westrum followed the route of the first expeditions to the Gulf of Papua - which first were led by Australian explorer Frank Hurley (mid-1920s), and later by American journalist John W. Vandercook (1936). There Schultze-Westrum collected several works of art, many of which - including this gope board - went on🐻 to form the core of the Jolika collection, an ensemble devoted to the art of New Guinea assembled by John and Marcia Friede, most of which is now in the de Young Museum in San Francisco. This votive board, photographed in 1966 in the village of Meagoma by Schultze-Westrum, is a paragon of the inventiveness of the Papuan artists, both in the material and immaterial interpretation of their beliefs.

"Each board bore a name which was that of the imunu, the spirit, who could reside within. [...] These imunu lived in various places around the village - in the forest, in water holes in the river, or even in the sea - and were at the heart of the religious system: they protected a family, ensured its well-being and its survival. They accompanied and protected men in their different actions" (Peltier in Eclectique. Une collection du XXI^e siècle, 2016, p. 148).

Through the sheer scale of its framework, the dynamics of the patterns, and the exquisite skill apparent in the central interpretation of the human figure, this gope board produces a striking visual impact. The representation of the spirit-being, pared down to its eyes, nose, mouth and navel - this last detail bringing the whole figure alive - is transcended by🅰 the superb polychromy of ochre and white tints. The figurative inventiveness is compounded by the thickness of the board stone carved and the beautiful ꦑpatina, which both attest to the great age of this creation.

Gope spirit board, Papuan Gulf, Papua New Guinea