Collection Jacques Viault, Paris, acquis ca. 1970

Cette miniature en bronze contient, dans la monumentalité de son geste sculptural, toute l'essence de la grande statuaire Dogon. Si le travail du fer est récurrent en pays Dogon, celui du bronze, beaucoup plus rare, s'inscrit dans l'histoire ancienne du Plateau de Bandiagara : « Autrefois d'après la tradition, le bronze était travaillé sur le plateau par les Maïga, qui auraient été chassés, comme les Tellem, par les Dogon-Mandé vers l'est et s'apparentent aujourd'hui aux Songhay. C'est d'eux que viendraient les petits bronzes très anciens » (Leloup, Statuaire Dogon, 1994, p. 547).

Ce sont essentiellement des maîtres-fondeurs Djennenké qui, à partir du XII^e siècle, en perpétuèrent la tradition. Dans ce pendentif, l'artiste a traduit avec virtuosité les caractéristiques du style, notamment dans la coiffure - dont le chignon sommital accentue l'élan de la figure - et les ornements corporels, très délicatement ouvragés. L'attitude du personnage relève des croyances et des mythes qui structurent la pensée Dogon. Selon Jean Laude, cette pose - les coudes appuyés sur les genoux et les mains couvrant le visage - identifierait le personnage à Dyongon Sérou, premier homme créé par le dieu Amma, et traduirait le souvenir de l'inceste originel (in Leloup, idem, n° 70). A sa prodigieuse interprétation plastique s'ajoute l'extrême raffinement des détails, en particulier des doigts s'étirant sur le visage, aboutissant à l'une des œuvres les plus remarquables du corpus (Voir Leloup, Dogon, 2011, n° 123 et n° 173 pour deux pendentifs en bꦅronze étroitement apparentés).

This bronze miniature, with its impressive sculptural qualities, exhibits all the characteristics of the great Dogon statuary. While ironwork is frequent in Dogon country, bronze-work is much rarer and is part of the ancient history of the Bandiagara Plateau: "In the past, following tradition, bronze was worked on the Plateau by the Maiga, who were then allegedly chased away to the east by the Dogon-Mande like the Tellem were, and are now related to the Songhai. The very ancient small bronze figures are likely their work. (Leloup, Statuaire Dogon, 1994, p. 547).

Starting in the 12^th century, it was Djennenke master founders who perpetuated the artistic tradition. In this pendant, the artist has conveyed with virtuosity, all the characteristics of the style, especially in the coiffure - with the topmost chignon accentuating the momentum of the figure - and the delicately crafted bodily ornaments. The stance of the character relates to the beliefs and myths that structure Dogon thought. According to Jean Laude, this pose - elbows resting on the knees and hands covering the face - identifies Dyongon Sérou, the first man created by the god Amma, and evokes the memory of the original incest (in Leloup, ibid, No. 70). This prodigious visual interpretation is compounded by the exquisite intricacy of the details - especially the fingers stretching onto the face - culminating in one of the most remarkable pieces of the corpus (See Leloup, Dogon, 2011🌸, Nꦡo. 123 and No. 173 for two closely related bronze pendants).

Dogon / Djennenke bronze pendant, Mali