En 1954 était inaugurée, au Palais des beaux-arts de Bruxelles puis à Lille, la première exposition monographique dédiée à l'art Dogon. Organisée par le libraire Marcel Evrard, elle présentait les œuvres collectées sur le terrain par son ami Pierre Langlois, qui venait de sillonner à pied, pendant près d'un an, le pays Dogon. Cette exposition révéla au grand public l'extraordinaire richesse formelle d'un art jusque-là peu diffusé. Son succès fut tel que toutes les œuvres y furent vendues, « notamment auprès de grands collectionneurs comme Stoclet et Urvater » (Leloup, Dogon, 1994, p. 76-77). Comptant parmi 🥀cet ensemble historique, cette arch🌠aïque statue Tellem fut acquise par le collectionneur lillois Schoelcher-Beyer, et demeura précieusement dans sa collection jusqu'en 2011.

Par « Tellem » - « nous les avons trouvés » -, les Dogon désignent les hommes qui habitaient les falaises de Bandiagara avant qu'ils ne peuplent à leur tour le site, à partir du XV^e siècle. Leurs statues, également désignées sous le terme « Tellem », seraient liées, selon la tradition Dogon, aux rites de pluie – leurs bras levés vers le ciel, comme ici, étant interprétés comme un appel à Dieu afin qu'il envoie la pluie. Du dos droit sculpté en planche émerge en haut relief un corps hautement stylisé : jambes signifiées par l'extrémité conique, buste longiligne marqué par les seins plongeant, la tête oblongue résumée à ses traits essentiels. Selon Hélène Leloup, les volumes schématiques, le dos en planche, les seins marqués et le corps se terminant par l'amorce des jambes désigneraient le type I de la statuaire Tellem, autrement dit le plus ancien (idem, p. 149). S'ajoutent enfin 📖♓les très belles nuances de la patine croûteuse, sombre et pétrifiée par le temps - finement grainée sur le corps, craquelée sur le visage et la partie haute de la statue.

Dogon / Tellem figure, Mali