Collection Jacques Viault, Paris, acquis ca. 1972

Paris, Galeries Lafayette, L'idéal féminin dans l'art africain, 22 février - 24 mars 2001

Blazy, L'idéal féminin dans l'art africain, 2001, p. 38

« Le visage idéalisé, où le regard semble contempler un monde intérieur, s'inscrit dans un volume dont l'équilibre formel traduit une sérénité définitivement acquise dans la mort. Les yeux aux paupières mi-closes apparaissent en relief, surmontés par des sourcils en demi-ellipse et en léger ressaut. Ils sont séparés par deux scarifications épaisses en contraste avec la délicatesse des traits naturels. Le nez aux narines bien marquées est fin et droit, au-dessus d'une bouche aux lèvres parallèles, à jamais close » (Person in Mattet, Arts d’Afrique et d’Océanie, Fleurons du musée Barbier-Mueller, 2007, p. 152). Ce commentaire sur l’un des fleurons du musée Barbier-Mueller dépeint avec avec la même justesse cette œuvre éminemment apparentée de la collection Jacques Viault. Si elles se distinguent par leur parure (chéloïdes et dessin de la coiffure asymétrique), toutes deux, ainsi que la tête commémorative également acquise par Karl-Heinz Krieg dans les années 1970 (Sotheby’s, 12 décembre 2012, n° 69), témoignent de l’individualité d’une artiste dont l’œuvre s’inscrit dans la veine, aussi naturaliste que sensible, de la région de Hemang Twifo.

Dès 1602, Pieter de Marees publiait les observations détaillées de ses voyages sur la côte ouest de l'Afrique. Il y évoque notamment les funérailles de « Rois » Akan : « Toutes leurs possessions, comme leurs armes et vêtements, sont enterrées avec eux, et chacun des nobles les ayant servi est représenté d'après nature par un modelage en terre, peint puis placé, l'un à côté de l'autre, autour de la tombe. » (De Marees, Description and Historical Account of the Gold Kingdom of Guinea (1602), 1987, p. 184-185). Subtile ꧑association d’une vision idéalisée de la beauté et de traits individuels, ce portrait honorait la mémoire d’u⛦ne personnalité notable et, à travers lui, l’histoire de son peuple. Les nuances de l’engobe, où subsistent des traces de pigments rouges, témoignent de son ancienneté et de son exposition prolongée.

"The idealised face, where the eyes seem to gaze into an inner world, is part of a balanced volume, the formal composure of which reflects a serenity definitively acquired in death. The eyes, with their half closed lids, are in relief and shaded by half-ellipse, slightly raised eyebrows. They are separated by two thick scarifications, in contrast with the delicacy of the natural features. The nose, with its well-defined nostrils, is thin and straight, above a mouth with parallel lips, which shall remain forever sealed. (Person in Mattet, Arts d’Afrique et d’Océanie, Fleurons du musée Barbier-Mueller, 2007, p. 152). This commentary was🔜 written on one of the jewels of the Barbier-Mueller Museum but relates with equal accuracy to this very similar piece from the Jacques Viault collection. Although they both stand out for their adornments (keloids and asymmetrical design of the coiffure), like the commemorative head also acquired by Karl-Heinz Krieg in the 1970s (Sotheby's, December 12, 2012, No. 69), each work showcases the individuality of an artist whose work is in the naturalistic and sensitive vein of the Hemang Twifo region.

As early as 1602, Pieter de Marees published detailed observations of his travels on the west coast of Africa. He wrote in particular of the funeral of Akan "Kings": "All his possessions, such as his weapons and clothes, are buried with him and all his Nobles who used to serve him are modelled from life in earth, painted and put in a row all around the Grave, side by side." (De Marees, Description and Historical Account of the Gold Kingdom of Guinea (1602), 1987, p. 184-185). A subtle depiction of an idealized vision of beauty and individual traits, this head𝕴 honoured the memory of a notable personality, and through him, the history of his people. The nuances of the slipware, still showing traces of red pigment, are♓ marks of this head’s antiquity and its prolonged exposure.

Akan terracotta head, Ghana