Collection Henri Couillard, Vincennes
Collection Tillieu, Paris, acquis ca. 1970
Bernard Dulon, Paris
Collection privée européenne

Cette « miniature » révèle la maîtrise d’un grand sculpteur, tant dans la facture délicate de la tête que dans le modelé subtil des volumes corporels. Les sculptures miniaturisées (statues ou têtes seules), rares chez les Fang, sont essentiellement l’œuvre des Fang Ntumu et des Betsi du Rio Muni et du Nord Gabon. Préciser individuellement leur fonction demeure complexe. Si certaines agrémentaient des petits coffres-reliquaires probablement portatifs, d’autres, isolées lors de leur collecte, ornaient à l’origine des insignes réservés aux chefs de lignage : cannes d’apparat, chasse-mouches ou encore éventails.

Cette statuette féminine, représentée dans l’attitude classique des effigies d’ancêtres, constituait très vraisemblablement l’extrémité supérieure d’une - rare - canne de chef, nommée ntum eyema, c'est-à-dire en langue fang « le bâton avec une image ». L’image sculptée en son sommet rappelait que celui qui a le privilège de l'utiliser est un détenteur de byeri, un chef de famille qui conserve, bien cachées, les reliques humaines d'un lignage. Ce type d’objet pouvait être momentanément confié aux messagers du chef, pour atteste🤪r que🧔 les annonces ou les ordres transmis étaient authentiques.

Elle évoque l’image d’une jeune fille, élégamment parée de bracelets et d’un délicat ornement ceignant les reins. La tête, d'une grande qualité de sculpture, surtout si l’on considère sa taille réduite, présente un visage et une coiffe à crête (nlo-ô-ngo) typiquement Fang. Tandis que les surfaces très soigneusement polies avec des feuilles abrasives témoignent du soin qui lui a été accordé, la magnifique patine d’usage, d’aspect laqué, rappelle sa longue utilisation. Voir Günter Tessmann ("Die Pangwe", Berlin, 1913) pour des canne♊s à l’iconographie comparable, collectées dès 1907 pour le musée de♔ Lübeck.

Commentaire par Louis Perrois

This "miniature" reveals the masterful hand of a great sculptor, both in the delicate craftsmanship of the head and in the subtle outline of the volumes of the body. The miniature sculptures (statues or standalone heads) are rare pieces in the Fang statuary and are mainly the work of the Fang Ntumu and of the Betsi of Rio Muni and Northern Gabon. Specifyingꦰ their function individually remains a complex task. Whilst some were used to embellish small, probably portable reliquaries, others isolated at the time of their collection, originally adorned the insignia reserved for the lineage chiefs: ceremonial canes, fly swatters or fans.

This female statuette, depicted in the stance classically associated with ancestor effigies, was probably the ornament of the tip of a rare chief's cane known as an ntum eyema, i.e., in Fang language, "the staff bearing an image". The figure carved at the summit was a reminder that the bearer fortunate enough to be allowed to use the staff, was a keeper of the byeri, the head of a family responsible for the human remains of a li🎀neage, charged with keeping them well hidden. This type of object could be temporariꦡly entrusted to the messengers of the chief to attest that the announcements and orders conveyed were indeed authentic.

The figure is sculpted in the image of a young girl, wearing elegant bracelets and a delicate adornment around her waist. The head is very skilfully carved, especially considering its reduced size and displays a typically Fang face and crested coiffure (nlo-ô-ngo). The surfaces, meticulously polished with abrasive sheets, reveal the care lavished upon it and the beautiful patina of use, with its lacquered aspect, attests to its extensive use. See Günter Tessmann ("Die Pangwe", Berlin, 1913) for canes with a comparable iconography, col🔴lected as early asཧ 1907 for the Lübeck museum.

Commentary by Louis Perrois

Fang figure, Gabon