Lot 221
- 221
JARRY. UBU ROI. 1896. MAROQUIN MOSAÏQUÉ DE BONET. ENVOI A.S. À JEAN, DE TINAN. EPREUVE SUPPLÉMENTAIRE
Estimate
20,000 - 30,000 EUR
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Description
- Alfred Jarry
- Ubu roi.Paris, Mercure de France, 1896.
In-16 (148 x 92 mm). Maroquin grenat, composition centrale mosaïquée de veau de cinq teintes de gris, du plus foncé au plus clair, réservant en son centre une pièce mosaïquée de veau rouge et blanc, s'inspirant de la silhouette du père Ubu, chaque tonalité se superposant parallèlement à la forme de la silhouette pour se creuser au centre sur un fond de box rouge et blanc, dos lisse, doublure et gardes de daim groseille bordées de box crème, tranches dorées sur brochure, couverture imprimée, chemise, étui (Paul Bonet, 1956). Exemplaire de Jean de Tinan. Édition originale. Premier tirage, sans mention d'édition. Exemplaire enrichi d'une épreuve supplémentaire du bois original d'Alfred Jarry "Véritable portrait du Père Ubu", tiré sur Japon et numétoté 6/20.Catalogue du Mercure de France relié in fine. Précieux ex-dono autographe signé :"Exemplaire de Jean de TinanA. Jarry". Proche du Mercure de France, revue créée en 1890 qui s'était doublée en 1893 d'une maison d'édition, Jean de Tinan fréquentait les Mardis de Rachilde, où il rencontrait les autres auteurs d'Alfred Valette, son directeur. Sa première contribution à la revue date de 1895, dans un numéro où l'on trouve aussi l’Acte héraldique de César-Antéchrist de Jarry."Dites à Jarry que s’il a l’intention de m’envoyer un Ubu, je lui promets d’en scandaliser ma famille au grand complet", écrivit Jean de Tinan le 30 juin 1896 : on ne sait si le texte de Jarry scandalisa sa famille, mais, visiblement, il reçut bien l'exemplaire.Avec enthousiasme, Tinan assista aux répétitions de la pièce, aux côtés de Willy qui commentera ainsi la scène entre partisans et détracteurs : Tinan "applaudissait avec fracas tout en sifflant comme un merle". Plus tard, Willy le décrira "encore las d'avoir tant applaudi l'Ubu roi d'un (j)arryviste étrange" (cité par J.-P. Goujon, p. 311). Pour la première de la pièce, en décembre 1896, Le Figaro annonça même que Tinan serait dans l'orchestre et jouerait du trombone ; Tinan adressa au journal ce rectificatif amusé : "Je crois devoir à vos lecteurs une légère rectification : c’est seulement par le maniement du chapeau chinois que l’état un peu essoufflé de ma santé me permettra d’essayer de contribuer pour ma modeste part au succès d’enthousiasme qui attend (avec impatience) une des plus nobles œuvres de l’esprit humain." En 1897, Jarry offrira aussi à Jean de Tinan l'édition autographiée d'Ubu roi avec la musique de Claude Terrasse, avec cet envoi : "À Jean de Tinan, honorablement". Tinan consacra une très louangeuse critique d'Ubu roi dans sa "Chronique du règne de Félix Faure" du deuxième numéro du Centaure. À la fin l'exemplaire, Jean de Tinan a recopié une réplique prononcée par Caran d'Ache : "Mais qu'est-ce qu'elle dit, la petite pauvre dame ?", phrase qui sera reprise comme épigraphe de ladite critique du Centaure (II, p. 134). Exemplaire relié par Paul Bonet pour lui-même, avec une composition mosaïquée évoquant la silhouette du père Ubu.
Provenance
Jean de Tinan. -- Fernand Vanderem (ex-libris ; 1921, lot 580). -- Paul Bonet (22-23 avril 1970, lot 281).
Literature
J.-P. Goujon, Jean de Tinan, biographie, 2016, p. 249 et sq. -- P. Bonet, Carnets, n° 1554.