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Jacob, Max

5 lettres a.s. à Jean ou Andrée Tournaire, ainsi qu'à leur fils. 1925-1926. Avec une plaquette imprimée.

Lot Closed

June 25, 02:39 PM GMT

Estimate

1,500 - 2,000 EUR

Lot Details

Description

Jacob, Max


5 lettres autographes signées à Jean ou Andrée Tournaire, ainsi qu’à leur fils Jean-François.

Saint-Benoît-sur-Loire 1er décembre 1925-28 décembre 1926.


11 pages grand in-8 (240 x 180 à 200 x 150 mm). Signées "Max" ou "Max Jacob".

Légères fentes à certains plis.AFFECTUEUSE CORRESPONDANCE AUX MEMBRES DE LA FAMILLE TOURN♒AIRE, écrites de l’abbaye de Saint-Benoît-sur-Loire où Max Jacob réside depuis 1921.


Il espère les voir, un jour, au monastère, évoquant ce qu’est pour lui l’écriture des contes : "En réalité, le conte est l‘image des états d’esprit nécessaire pour arriver à la Grâce : état d’intelligence, état d’amour, état d’action, état de repentir qui mène ─ celui-ci ─ droit à Dieu". Dans la marge de la lettre, il parle du jeune Georges Hugnet qui n’a pas osé aller revoir leur ami Serge [Férat&nbsꦡp;?].

Le lendemain, le 2 décembre 1925, il s’adresse à Andrée seule, vantant sa fine délicatesse, s’amusant d’un mot de son fils, le petit Jean-François, qui a déclaré vouloir déclouer le Christ : "Savez-vous que déclouer le Christ est selon la science emblématique un signe de grand esprit : vous n’avez que faire d’une telle besogne vous l’avez faite avant que d’être née".


La lettre suivante, datée du 21 janvier 1926 et toujours adressée à Andrée, est un long et vibrant plaidoyer pour un amour compassionnel et une vie de renoncement, même s’il n’a aucune volonté de "convertir" son amie, ne désirant plus être le mauvais berger de personne. Mme Tournaire lui ayant confié que l’éducation de son fils ne suffisait pas à emplir sa vie, il s’en étonne : "Un seul amour nous emplit pourquoi cet amour ne serait-il pas l’amour maternel ? Combien de femmes au monde ont vécu uniquement par cet amour-là ! Combien de femmes m’ont confessé qu’elles n’avaient jamais aimé leur mari (ce n’est pas votre cas et ce serait bien dommage car Tournaire est vraiment gentil et parmi ceux que j’aime le plus de notre cercle). […] Presque toutes les femmes ont porté leurs déceptions en amour sur leurs enfants. Et toutes les femmes ont des déceptions en amour". Il est persuadé que le bonheur ne se trouve que dans l’oubli de soi et le dévouement aux autres, que l’amour mondain ne crée que des sensations superficielles. "Excusez-moi ! Je suis un vieux curé maladroit, rude, naïf, stupide. Mais je ne m’en veux pas d’être sincère avec vous c’est une marque de mon amitié respectueuse et fidèle". Il embrasse son époux, son fils et Serge, et précise que Leওvel ne lui écrඣit plus jamais.


Le 27 décembre 1926, il s’adresse au couple à l’occasion de la prochaine année, même si "nous ne sommes pas des gens à faux cols et à souhaits officiels : nous faisons toute l’année des souhaits pleins d’amitié les uns pour les autres ─ et moi celui de vous voir plus souvent". Il donne des nouvelles de sa santé, ayant souffert d’une gastro-entérite avec complications, et regrette les agitations de sa vie : "Hélas ! Je n’ai pas la vie d’un homme rassis et de cinquante ans passés. Chers amis je pense souvent à vous et au milieu de tant de relations et de néo amis brusquement je m’aperçois qu’on n’est vraiment compris que par les siens, qu’on est bien qu’au milieu de ceux qui ont suivi longtemps le même chemin et qu’un passé commun est le seul lien valable, durable dans les choses du cœur". Il évoque en post-scriptum un conte qu’il a écrit, dédié à Jean-François Tournaire [paru dans la revue L'Âne d'or, sous le titre "Conte pour enfants"].


Et le lendemain, il s’adresse au garçonnet lui-même, lui expliquant que les grandes personnes doivent, elles, renoncer à la visite du Père Noël : "Quand nous avons envie de quelque chose, nous le demandons au bon Dieu directement et si nous avons été sages il ne nous refuse pas souvent". Il le complimente sur sa belle écriture avec peu de fautes. "Tu me demandes ce que je fais ? Je fais surtout des poèmes. D’ailleurs j’ai été très malade et depuis un mois environ je n’ai guère eu de goût au travail. Je t’aime beaucoup : sois obéissant et tu seras toujours mon ami. Il faut être obéissant parce que ce qu’on te dit de faire c’est toujours pour ton bien à toi et ton avenir".


Andrée Tournaire était la fille adoptive de l’homme d’affaires et collectionneur d’art André Level, fonda♈teur d’un fonds d’investissement commun dans l’acquisition d’œuvres d’artistes encore peu connus dont Modigliani, Picasso, Matisse, Derain, van Dongen, Dufy, Rouault, etc. Level avait ouvert avec son associé Jean Tournaire la galerie Percier, rue de la Boétie à Paris, où eut lieu notamment en 1924 une exposition de gouaches et de dessins de Serge Férat et Max Jacob.


[On joint :]

Les Alliés sont en Arménie. [Paris, Imprimerie Artistique, 1916.] Plaquette in-4, sous couverture à cordelette, marges légèrement brunies.


Édition originale de ce poème consacré au géno𝐆cide arménien de 1915, tiré♓e à très peu d'exemplaires.


Envoi autographe signé :

"à Madame et à Monsieur Tournayre [sic]. Avec les compliments et les affectueux souvenirs de leur dévoué Max Jacob".