Remarquable manuscrit calligraphié sur vélin d’un recueil de poésies satiriques. Manuscrit de 153 pages sur peau de vélin en un volume in-12 (150 x 105 mm). Maroquin vert forêt, dentelle en encadrement, dos lisse orné de filets, pointillés, étoiles et fleurons dorés, doublure et gardes de soie rose, doubles gardes de papier bleu bordées de maroquin bleu orné d'une roulette, tranches dorées (Reliure de Derome le Jeune, avec son étiquette à l'adresse de la rue St Jacques). Etui moderne de maroquin vert doublée aux armes dorées du comte de Ribes.Deux lettres effacées au titre du dos par erreur du doreur, traces d'oxydation à la première et aux deux dernières pages. Précieux exemplaire de l'auteur, dans une fine reliure à dentelle de Nicolas-Denis Derome. Copie figurée, très soigneusement exécutée par François-Florent Fyot, célèbre "écrivain en lettres d’impression" actif à la fin du XVIIIe siècle qui a noté son nom et son adresse au verso du titre, et habilement reproduit les armoiries et la devise de Mérard de Saint-Just, dessinées à l'encre au verso du dernier feuillet. Le littérateur règle ses comptes, en distiques, quatrains, épigrammes ou épitaphes, avec nombre de ses contemporains, louant le géant Voltaire, traitant Diderot d’"amphigourique", le chancelier Maupeou de "grand vilain", Naigeon de "parasite", affirmant que d’Alembert "très lourdement écrit" et "très faussement raisonne", et s’acharnant plus particulièrement sur Jean-François de La Harpe.

Simon-Pierre Mérard de Saint-Just (ex-libris armorié dessiné à l’encre par Fyot). -- Jérôme Bignon (12 janvier 1849, lot 2217). -- Cachet à l'encre "I. L.H."

Quérard, VI, 53.

Deux lettres effacées au titre du dos par erreur du doreur, traces d'oxydation à la première et aux deux dernières pages.
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Simon-Pierre Mérard de Saint-Just (1747-1812), bibliophile, auteur de fables et de contes licencieux, abandonna sa charge de Maître d'hôtel du comte de Provence, futur Louis XVIII, en 1782, pour se consacrer à la littérature. Il avait adopté pour devise : "L'Honneur et l'Amour". Resté célèbre pour la beauté de sa bibliothèque, dont il rédigea un catalogue publié en 1783 chez Didot, il avait épousé la femme de lettres Anne Félicité d’Ormoy, devenue pour lui une véritable complice littéraire. Sa fortune lui permit de faire appel aux grands relieurs de son temps, notamment pour ses propres ouvrages, volontairement tirés à très peu d'exemplaires. Il possédait le château de Saint-Just, à Belle-Église dans l’Oise, domaine qui, après avoir appartenu aux marquis de Persan et au général Servan de Gerbey, fut acquis en 1828 par les comtes de Ribes. Ceux-ci, en hommage à l'ancien propriétaire de leur demeure, ont rassemblé un bel ensemble d'éditions de l'auteur, ou de livres provenant de sa bibliothèque (voir lots 152-153, 157, 162, 167-169, 171-174, 176, 179).
Voilà ce que Mérard de Saint-Just déclare dans les réflexions préliminaires du catalogue de sa bibliothèque : "Je n’ai jamais eu la bibliomanie ; mais dès ma plus tendre jeunesse j’ai aimé les livres. […] On ne rencontrera dans ma collection que les livres que je consulte quelquefois, ou que je feuillette tous les jours ou du moins très souvent. Le choix que j’en ai fait donnera à connoître véritablement ce que je pouvois savoir ; c’est-à-dire bien peu de chose. Ayant toujours vécu en homme du monde, aimant tous les plaisirs, ce qui entraîne, comme on sait, une grande perte de temps, je n’ai pu me livrer que bien foiblement à l’étude des sciences qui demandent, qui exigent de l’assiduité, comme celles de la chymie, de l’histoire naturelle surtout […] La collection de mes livres est peu nombreuse (lorsque quelquefois on m’a fait le reproche d’avoir une si petite bibliothèque, j’ai toujours répondu : elle est encore trop grande pour ne contenir que de bons livres), mais j’ai fait en sorte de me procurer les plus beaux exemplaires des plus belles éditions, non pas des plus anciennes".