In-12 carré (191 x 140 mm). Demi-maroquin noir à bandes, plats de papier bleu clair avec pièce de titre carrée de maroquin noir sur le premier plat, dos lisse, tête dorée, couverture et dos, étui (Semet & Plumelle). Édition originale. Exemplaire sur papier d'édition. Illustré d'un frontispice et de six planches en noir à pleine page, de Serge Férat.Le volume porte à la justification le nom de l'artiste, manuscrit à l'encre violette. Précieux exemplaire augmenté de 7 gouaches originales signées de Serge Férat, réalisées à partir de la suite de ses illustrations. Peintre d'origine russe et frère d'Hélène d'Œttingen, Serge Férat -- pseudonyme du comte Édouard-Serge Jastrebzoff -- aida Apollinaire en novembre 1913 à reprendre la revue Les Soirées de Paris. En 1917, Apollinaire fit appel à son ami pour les décors de la pièce, jouée le 24 juin 1917 au théâtre Renée-Maubel à Montmartre, et pour la plupart des costumes : son apport est à la hauteur du texte d'Apollinaire, révolutionnaire. Dès 1914, Férat avait inclus dans ses paysages figuratifs des papiers colorés et des pages de journaux. Il adapte ce procédé cubiste au décor des Mamelles de Tirésias. Les costumes fusionnent à la fois "une iconographie populaire française, les leçons du cubisme et la transposition caricaturale de masques africains et de traditions tribales" (P. Read, p. 248). Ces éléments festifs et colorés, comme les compositions cubistes, se retrouvent dans les illustrations originales qui ornent cet exemplaire d'exception. [Monté en tête de l'ouvrage :]Apollinaire, Guillaume. Portrait de Serge Férat, dessin original. [Vers fin août 1918]. Signé, à l'encre encre noire (147 x 113 mm), au dos d'une enveloppe timbrée, montée sur onglet, adressée à "Monsieur Guillaume Apollinaire / à / Kervoyal / par Damgan / Morbihan", cachet postal du 21 août 1918 (le poète était parti se reposer en Bretagne avec sa femme Jacqueline ; il décédera le 9 novembre des suites de la grippe espagnole).Un des tout derniers dessins d'Apollinaire. Le portrait montre Férat assis, de profil et barbu, les jambes croisées, un genou retenu par ses mains jointes, l'air pensif et entouré de profils esquissés. Apollinaire a ainsi légendé le portrait de son ami : "Monsieur Serge dans ses pensers [sic] d'amour". Envoi autographe signé au peintre Irène Lagut, à droite du dessin :"À Mlle Irène LagutrespectueusementGuil. Apollinaire23-8-18". Apparemment inédit, ce document rassemble deux des peintres les plus proches de la fin de la vie d'Apollinaire, Serge Férat et Irène Lagut. Apollinaire avait défendu l'œuvre d'Irène Lagut dans une exposition organisée par Les Soirées de Paris, dont le catalogue reprenait aussi ses propres calligrammes ; c'est grâce à Irène Lagut qu'il avait rencontré, en novembre 1917, Jacqueline Kolb, "la jolie rousse" qu'il épouse le 2 mai 1918. EXCEPTIONNEL EXEMPLAIRE RÉUNISSANT LES DERNIERS ET PLUS PROCHES AMIS D'APOLLINAIRE.

P. Read, "Dramaturge et démiurge : l'image et l'espace dans le théâtre d'Apollinaire", in Apollinaire, le regard d'un poète, Musée d'Orsay et de l'Orangerie, 2016, p. 245-248 ; gouache à rapprocher de celle reproduite p. 249, figurant sur un numéro de SIC (février 1918).